Mme Alwata Ichata Sahi, Secrétaire régionale de l’Opf

Publié le par lechallenger

‘’L’évolution de la femme africaine est lente mais positive’’

 

Mme Alwata Ichata Sahi est Secrétaire régionale de l’Organisation panafricaine des femmes pour l’Afrique de l’ouest dont le siège est à Bamako. L’Organisation qu’elle a l’honneur de diriger lutte pour que soit reconnu et appliqué le droit de la femme africaine à participer à tous les niveaux aux prises de décisions relatives à la vie politique, économique, sociale et culturelle. Elle contribue à l’amélioration de la situation des femmes africaines tout en mettant un accent particulier sur l’élimination de la violence. A la veille du 45è anniversaire de l’Opf, Mme Alwata Ichata Sahi pense que l’évolution de la situation de la femme africaine est lente mais positive.

 

Quel est l’impact de la Journée panafricaine des femmes sur le devenir de la femme africaine?

L’Opf a eu un impact positif sur le devenir de l’Africaine. Le premier objectif était la décolonisation. Les pionnières de la Panafricaine se sont battues à côté des pères fondateurs de l’Oua pour aider cette décolonisation. Et aujourd’hui, tous les pays africains sont indépendants.

C’est l’un des acquis de notre organisation. Aujourd’hui, il y a eu une nette amélioration de la situation de la femme africaine. Les filles partent à l’école même si on n’a pas une grande satisfaction en ce qui concerne le taux de scolarisation des filles. Les femmes qui ne sont pas parties à l’école sont de plus en plus alphabétisées et arrivent à gérer leur activité quotidienne à travers cette alphabétisation.

Les femmes sont présentes sur tous les fronts. Au niveau des rencontres nationales et internationales, elles font entendre leur voix. Ce sont des milliers de femmes qui se battent pour l’amélioration du statut de la femme. L’évolution est lente mais positive.

Peut-on dire que la situation des femmes sur le plan politique, économique, social s’est améliorée?

Nous avons des femmes ministres, des femmes parlementaires, des femmes décideurs, même si le nombre est insuffisant.

Même au niveau rural, le leadership féminin est de plus en plus développé. On n’a pas besoin d’aller à l’école pour être leader. Les femmes sont en train de prendre cette place de leadership où rien n’est décidé dans le village sans leur accord.

C’est vrai que comme on le dit, ‘’la nuit porte conseille’’. De plus en plus, les femmes s’assoient sous l’arbre à palabre avec le chef du village pour discuter des problèmes prioritaires de la communauté. Avec la création de l’Union africaine,  les chefs d’Etat se sont battus pour qu’il y ait la parité  au niveau des organes de l’U.A. Nous avons 50% de femmes et 50% d’hommes dans la composition du bureau de la Commission de l’U.A. Nous avons aussi une femme présidente du parlement africain.

Globalement, nous pouvons dire que la situation de la femme s’est améliorée. Mais beaucoup reste à faire. C’est avec leur éducation, leur implication dans les activités génératrices de revenus qu’on peut parler de l’indépendance financière.

Pourquoi ce thème ‘’Rôle et place de la femme dans la lutte contre la pauvreté’’ ?

 

Le thème retenu cette année par le Secrétariat général de l’Opf est ‘’Paupérisation du continent, quel développement pour l’Afrique : Défis et enjeux’’. La commission nationale a retenu le thème ‘’Rôle et place de la femme dans la lutte contre la pauvreté’’.

 

Nous avons retenu ce thème pour nous focaliser sur le rôle et la place de la femme dans la lutte contre la pauvreté en attirant l’attention des décideurs. Nous voulons leur faire savoir le rôle de la femme dans cette lutte et leur demander de ne pas oublier de prendre en charge cette entité importante dans le développement de notre pays.  Les femmes sont en train de se battre pour lutter contre la pauvreté. 

Estimez-vous par exemple que l’accès des femmes à des postes de responsabilité passe par la lutte contre la pauvreté des femmes?         

Pour arriver à la lutte contre la pauvreté, il faut que la femme soit bien éduquée. La petite fille doit être scolarisée et capable de continuer ses études. C’est avec ça qu’on peut améliorer la situation de la femme africaine et particulièrement de la femme malienne. J’ai la ferme conviction qu’en mettant l’accès sur l’éducation des femmes, la scolarisation des filles et l’appui dans le cadre des activités génératrices de revenus, on pourrait aider à l’amélioration des conditions de la femme.

Pendant les élections législatives qui viennent de se passer, vous avez constaté avec moi que c’est les plus nantis, les plus riches qui ont fait la fête. Ces plus riches sont les hommes. Les femmes ont été bloquées. Sur  les 217 candidates, il n’y a que 15 femmes qui ont été difficilement élues. J’adresse toutes mes félicitations à ces braves femmes qui ont affronté tous les obstacles pour passer.  C’est parce que la femme est confrontée à ce problème de pauvreté qu’elle n’arrive pas à se hisser au niveau des postes électifs. Avec les postes électifs, si l’on n’a pas d’argent, on ne passe pas. Nous sommes désolées et nous pensons qu’il est important de revoir cet aspect de la chose. La  démocratie ne demande pas l’achat des consciences. Il faut moraliser, sensibiliser les décideurs, les citoyens pour qu’ils sachent qu’il ne sert à rien d’accepter l’achat des consciences.

Il faut prendre l’homme à la place qu’il faut. Je pense que l’Assemblée est très importante et très significative dans le devenir de notre pays pour que n’importe qui se présente, dès qu’il a les moyens financiers. Nous allons nous battre et tirer les leçons de ces législatives pour mieux préparer les femmes, les informer. Nous allons sensibiliser les politiciens pour qu’il y ait beaucoup  de femmes lors des communales.

Je suis vraiment désolée du fait qu’on mette l’argent avant tout. Je pense que l’argent résout des problèmes, mais on ne doit pas le mettre au-dessus de la dignité, de la démocratie.

Entretien réalisé par Chiaka Doumbia

 

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