Entretien avec Mme Kane Nana Sanou

Publié le par lechallenger

‘’ Notre objectif n’est pas atteint ‘’

C’est dans son bureau sis à Dravéla -Bolibana que Mme Kané Nana Sanou, nous a parlé de son parcours, de ses idées, de ses combats et de ses ambitions pour le Mali. Entretien.

 

Son parcours

Après mes études fondamentales au lycée des Jeunes filles, je me suis rendue en Union soviétique où j’ai poursuivi mes études en médecine. J’ai ensuite travaillé bénévolement à Kati avant d’être impliquée dans la lutte contre les maladies diarrhéiques car, à l’époque, il y avait une épidémie de diarrhée à Kéniéba. J’ai été déléguée médicale. En 1992- 1997, j’ai été députée. J’ai occupé le poste de 1ère vice-présidente pendant 4 ans.

 J’ai été aussi membre du Réseau des femmes africaines et ministres parlementaires. Je me suis finalement retrouvée au Groupe pivot /droit et citoyenneté des femmes.

Des atouts

Mes études en Union soviétique m’ont permis d’avoir une formation qui m’a  conduite à être une combattante si je peux m’exprimer ainsi. En Union soviétique, j’étais membre de l’Association des élèves et étudiants du Mali. A l’époque au Mali, c’était l’Uneem. En tant qu’étudiants au sein du bloc socialiste, nous avions beaucoup critiqué le régime en place au Mali, ce qui nous a amenés à lutter dans la clandestinité.

Cela m’a fait comprendre beaucoup de choses et c’est de là que sont parties toutes mes ambitions de lutter contre l’exclusion, contre le régime dictatorial et pour la démocratie et l’égalité dans notre pays. Dès mon retour, j’ai continué le combat avec mes camarades revenus, eux aussi, d’Union Soviétique. Ça m’a permis d’être endurante sur le terrain. J’ai eu ensuite des difficultés d’insertion dans la fonction publique. J’ai donc travaillé dans le bénévolat puis dans la structure de l’Anpf où j’étais déléguée médicale.

Son sentiment par rapport au nombre de femmes élues à l’Assemblée nationale ?

 

Par rapport à tout ce que les femmes font concernant leur implication, je dirai que notre objectif n’est pas atteint. Sur 147 députés, si nous avons 15 femmes, donc environ 10% et 14 élues dans la législature passée, c’est que nous n’avons pas atteint l’objectif de notre combat. Pour autant, nous n’avons pas perdu, car 15 députés, c’est quand même quelque chose.

En considérant l’implication des femmes au niveau des partis politiques, elles devraient être mieux représentées au niveau des instances de décision politique. Tant que nous n’aurons pas une disposition institutionnelle permettant aux femmes d’être plus nombreuses, nous resterons sous représentées au niveau des instances de prise de décision.

Propos recueillis par Baba Dembélé

 

 

A la croisée de chemins

Pendant que Madame Johnson envisage certainement de remplier à la tête de l’Etat libérien et que Madame Clinton est en train de faire prévaloir ses arguments pour la Maison blanche, la Malienne   de son côté se trouve à la croisée des chemins.

Plus que jamais consciente qu’il lui faut jouer pleinement et entièrement sa partition dans le développement du pays. Plus que jamais engagée à se mettre dans les conditions pour le faire. Plus que jamais convaincue qu’elle doit se battre pour parvenir à des résultats et non se contenter de quémander des droits dans une société incurablement phallocratique. Plus que jamais, on la voit engagée sur tous les fronts en train de croiser le fer avec l’homme.

La preuve a été donnée par le nombre de candidates alignées dans le starting bloc, à la faveur de ces législatives- pas moins de 227.

Même si elles constituent seulement une quinzaine à se faire élire, elles ne jetteront pas pour autant l’éponge. Elles seront sans nul doute plus nombreuses encore à se disputer l’écharpe de conseillère municipale aux prochaines communales.

C’est toutes ces réalités qui reflètent l’évolution de la Malienne au fil de son combat pour s’émanciper que nous avons tenté de mettre en exergue à la faveur de ce 31 juillet. En donnant, évidemment, la parole  à quelques amazones.

 AHM

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