Fanta Manchini Diarra, 1er vice présidente du Cnid

Publié le par lechallenger

‘’Nous n’avons pas de respect pour nos martyrs ‘’

Mme Sissoko Fanta Manchini Diarra a été élue en 2002 dans le district de Bamako. Et réélue en 2007. Son parcours, son combat, ses priorités.

Parcours

Je viens d’être élue, mais provisoirement car la cour n’a pas encore validé les résultats. J’ai été députée en 2002 sur la même liste que feu Kadari Bamba et l’honorable Bakoni. C’était la liste espoir 2002. Concernant les travaux parlementaires, c’est difficile de parler de soi mais je suis consciente que j’ai n’ai pas démérité. Je suis responsable de certains réseaux qui veillent sur la santé de la reproduction et le trafic humain. J’ai beaucoup travaillé avec les Ong et associations féminines.

En dehors de l’Assemblée, j’ai mené quelques actions dans ma commune en favorisant l’emploi de 31 jeunes, la clôture de deux terrains de sports à Badalabougou et Daoudabougou. Concernant les femmes de Daoudabougou j’ai donné un moulin à un groupement de femmes, des machines à une association de femmes, un moulin à Sabalibougou et Kalaban, une moto pompe à Bacodjicoroni. C’est aussi, grâce à mon interpellation du ministre que nous avons bénéficié de la passerelle qui va à l’aéroport, du financement du Cscom de Badalabougou, d’un hangar pour les femmes à la mosquée de Bacodjicoroni.

J’ai mené beaucoup d’autres actions sociales car ma formation me le recommande. J’ai été chef du service social de la commune III pendant 12 ans, je contribue beaucoup au renforcement de l’implantation du parti dans ma commune et c’est pour toutes ces raisons que la section du parti a décidé de me reconduire et mon choix a fait l’unanimité.

Que pensez-vous de la représentativité des femmes à l’Assemblée ?

Du dernier mandat à ce jour, il y’a eu 15 femmes et cette fois- ci aussi il y’en a provisoirement 15.  Pour moi, c’est très minime vu tout ce que les femmes font pour ce pays. J’ai beaucoup d’inquiétude pour les élections au Mali. Ces élections ont été très frauduleuses car l’électorat a été acheté de manière flagrante, ce qui veut dire que nous n’avons pas de respect pour nos martyrs. Ça m’a donné à réfléchir sur la chance des femmes car nous n’avons pas de moyen.

La panafricaine pour vous ? 

Je vois en cette journée l’épanouissement de la femme. C’est une journée qui a permis aux femmes de s’affirmer, de montrer que leur opinion compte. C’est pourquoi la panafricaine est très significative.

Quel est aujourd’hui votre combat pour les femmes ?

J’ai participé à tous les combats en faveur des femmes, que ce soit dans ma commune ou à l’Assemblée. Je vis le mouvement démocratique jusqu’à nos jours. J’ai contribué à l’aboutissement favorable de tous les projets de lois favorables aux femmes. Certains ont été adoptés et d’autres ont été rejetés. Cela ne veut pas dire que les femmes doivent baisser les bras, au contraire, on doit se battre pour que ceux qui ont été rejetés puissent être adoptés à l’avenir.

Quelles sont vos priorités pour les femmes ?

Tant que les femmes seront minimes dans les instances de prise de décision, il sera difficile d’avoir une promotion réelle. Imaginez-vous que sur 147 députés, 15 seulement sont des femmes, c’est insignifiant ! Comme argument chez certains, notre culture et nos mœurs. Même les hommes intellectuels arrivent difficilement à accepter la promotion de la femme.

L’une de mes priorités, c’est d’encourager le fait que nous soyions nombreuses au niveau des sphères de prise de décision. La seconde priorité est la promotion de la santé de la femme car, en tant que mère de famille, je constate que si l’enfant ainsi que l’homme sont malades, c’est toujours la femme qui souffre, alors pourquoi ne pas penser à la santé de cette femme?

Et les femmes rurales ?

Je n’admets pas cette idée de femme rurale car ce sont nos sœurs et c’est aussi une idée de division car nous sommes toutes des femmes et nous connaissons leurs préoccupations.

Quand je dis que le nombre de femmes doit être élevé au niveau de l’Assemblée, c’est normal, je n’ai pas distingué la femme lettrée ou non, ni la femme rurale de la femme citadine. J’ai seulement parlé de femmes. Ces députés femmes peuvent venir de n’importe quelle localité. Nous sommes toutes les mêmes et nous connaissons les mêmes problèmes. 

Vos rapports avec la Cafo

J’ai de bons rapports avec la Cafo et surtout celle de ma commune. Au niveau de l’Assemblée, je suis une personne ressource pour la Cafo.

Votre mot de la fin?

Il faut mieux sensibiliser pour que le nombre de femmes ne régresse pas dans les sphères de prise de décision. Les femmes sont économiquement faibles. Je leur demande de ne pas se décourager. Qu’elles sortent pour aller aux élections car, même si on ne passe pas, on se fait des relations et on se fait connaître. Qu’elles se donnent la main et continuent à se battre. Je profite de votre journal pour dire bonne fête à toutes les femmes de l’Afrique. 

                                                          Entretien réalisé par Djibril Sacko

 

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